



La Grande Muraille de Chine figure parmi les monuments les plus impressionnants et emblématiques de l’histoire humaine. Érigée au fil des siècles par plusieurs dynasties chinoises, cette immense fortification témoigne de la puissance, de l’ingéniosité et de la détermination du peuple chinois. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, la Grande Muraille fascine par son étendue colossale et son architecture imposante. Avec une longueur totale avoisinant les 21 196 kilomètres, elle traverse 15 provinces, municipalités et régions autonomes de la Chine, serpentant à travers montagnes escarpées, déserts arides et plaines verdoyantes.
Aujourd’hui, ce chef-d’œuvre historique attire des millions de visiteurs chaque année, venus explorer ses différentes sections, allant des portions restaurées accessibles au grand public aux tronçons sauvages réservés aux randonneurs les plus téméraires.
Histoire de la Grande Muraille de Chine
1. Origines et premières constructions (VIIe – IVe siècle av. J.-C.)
Bien avant l’unification de la Chine sous la dynastie Qin, plusieurs royaumes indépendants se disputaient le territoire. Pour se protéger des invasions ennemies, ces États commencèrent à ériger des fortifications au niveau local dès le VIIe siècle av. J.-C. Ces premières murailles, bâties principalement en terre compactée et en bois, n’étaient pas reliées entre elles mais servaient à défendre des régions stratégiques.
Les royaumes du Yan, Zhao et Qin firent partie des premiers à édifier ces structures défensives. Leur but principal visait à bloquer les incursions des peuples nomades venus du nord, tels que les Xiongnu, ancêtres présumés des Huns.
2. Unification sous la dynastie Qin (221-206 av. J.-C.)
L’histoire de la Grande Muraille prit une tournure décisive sous le règne de Qin Shi Huang, premier empereur de Chine. Après avoir unifié le pays en 221 av. J.-C., il ordonna la connexion des différentes murailles existantes afin de former une barrière continue.
- Les ouvriers recrutés pour cette tâche étaient des soldats, des paysans et des prisonniers.
- Le travail s’effectuait dans des conditions extrêmement difficiles, causant de nombreuses pertes humaines.
- La construction reposait essentiellement sur l’utilisation de terre battue, car le transport de matériaux lourds sur des terrains montagneux était très compliqué à l’époque.
Cette première version de la Muraille ne ressemblait en rien à l’ouvrage en pierre visible aujourd’hui.
3. Améliorations sous la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.)
Sous la dynastie Han, la Muraille continua d’évoluer afin de protéger la Route de la Soie, voie commerciale reliant la Chine à l’Occident.
- Son extension vers l’ouest permit de sécuriser les échanges contre les pillards et les raids nomades.
- Des tours de guet furent intégrées pour faciliter la surveillance et la communication.
- Des signaux de fumée et de feu étaient utilisés pour transmettre rapidement des alertes en cas d’attaque.
Malgré ces améliorations, la Muraille restait vulnérable et nécessitait une surveillance constante.
4. Transformations sous les dynasties du Nord et du Sud (IVe – VIe siècle)
Durant cette période de divisions politiques, plusieurs royaumes successifs renforcèrent la Muraille pour se protéger des invasions. La construction de nouvelles sections et l’amélioration des anciennes permirent d’adapter l’ouvrage aux nouvelles techniques de guerre.
5. L’apogée sous la dynastie Ming (1368-1644)
La version la plus connue et la mieux conservée de la Grande Muraille remonte à la dynastie Ming. Après la reconquête de la Chine et l’expulsion des Mongols, les empereurs Ming décidèrent de fortifier la frontière nord.
- Matériaux solides : briques, pierres taillées et mortier remplaçant la terre battue.
- Éléments militaires : bastions, forts, arsenaux et tours de guet espacées tous les 200 à 500 mètres.
- Longueur totale : environ 6 000 km, avec des extensions vers des zones montagneuses.
Sous les Ming, la Muraille devint un véritable chef-d’œuvre militaire. Cependant, en 1644, l’invasion des Mandchous par la Passe de Shanhaiguan marqua la fin de la dynastie, prouvant que la Muraille, malgré sa solidité, ne pouvait contenir une armée déterminée.
6. Déclin et préservation à l’époque moderne
Après la prise de pouvoir par les Qing (1644-1912), la Muraille perdit son rôle défensif, car l’Empire s’étendit bien au-delà de ses frontières initiales. Avec le temps, certaines sections tombèrent en ruine, et les habitants réutilisèrent les briques pour leurs propres constructions.
Ce n’est qu’au XXe siècle que des efforts de préservation furent mis en place. Dans les années 1980, la Chine entreprit la restauration des sections les plus touristiques, comme Badaling et Mutianyu.
En 1987, l’UNESCO classa la Grande Muraille au patrimoine mondial, reconnaissant son importance culturelle et historique exceptionnelle.

Longueur et structure de la Grande Muraille de Chine
La Grande Muraille de Chine est souvent perçue comme un unique mur linéaire, mais en réalité, elle se compose de multiples sections construites à différentes périodes et sur divers tracés. Selon les mesures officielles publiées par l’Administration nationale du patrimoine culturel chinois, la longueur totale de la Muraille atteint environ 21 196 kilomètres. Ce vaste réseau de fortifications traverse 15 provinces, municipalités et régions autonomes. Certaines sections sont bien conservées, comme Badaling, tandis que d’autres sont laissées à l’abandon ou détruites par l’érosion naturelle et l’activité humaine.
Matériaux et techniques de construction
Les matériaux employés pour bâtir la Muraille dépendaient des ressources disponibles sur place. Plusieurs techniques furent utilisées pour l’adapter aux conditions climatiques et aux terrains variés qu’elle traverse.
- Régions montagneuses (Pékin, Hebei) : utilisation de blocs de pierre taillée et de briques.
- Régions désertiques (Gansu, Ningxia) : construction en terre compactée et en bois en raison du manque de pierre.
- Plaines et collines : alternance de briques, pierres et terre battue.
Éléments architecturaux
La Grande Muraille ne se limite pas à un simple mur. Elle comprend plusieurs structures stratégiques destinées à optimiser la défense de l’Empire.
- Le Mur principal : formé d’un rempart épais allant de 6 à 8 mètres de hauteur et d’une largeur variant de 5 à 7 mètres. Son sommet permettait le passage des soldats et de leurs chevaux.
- Les Tours de guet : espacées tous les 200 à 500 mètres, elles servaient de points d’observation et de communication.
- Les Forteresses et Garnisons : bastions militaires placés à des points stratégiques pour stocker des vivres et héberger les troupes.
- Les Passes fortifiées : des portes monumentales situées aux intersections clés, comme Shanhaiguan à l’est et Jiayuguan à l’ouest.
Un système avancé de signalisation par fumée et feux permettait d’alerter rapidement les garnisons d’une attaque imminente.
Adaptation au relief et aux conditions naturelles
La Muraille serpente à travers divers paysages :
- Dans les montagnes escarpées du nord de la Chine, elle suit les crêtes pour compliquer l’accès aux envahisseurs.
- Dans les déserts du Gansu et de Ningxia, des sections en terre battue se fondent dans l’environnement.
- Aux abords des plaines du Hebei et du Henan, elle est doublée de douves et de remparts annexes pour ralentir les assaillants.
Ces caractéristiques font de la Grande Muraille un exploit d’ingénierie adapté aux réalités géographiques et militaires de son époque.

Les villes et points d’accès pour visiter la Grande Muraille
La Grande Muraille étant immense, plusieurs villes permettent d’y accéder, chacune offrant une expérience différente. Pékin est le point de départ principal avec des sections célèbres comme Badaling, très touristique et bien restaurée, Mutianyu, plus paisible avec des paysages magnifiques, ou encore Jinshanling et Simatai, idéales pour les randonneurs et les amateurs de vues spectaculaires. Simatai est d’ailleurs la seule section ouverte la nuit.
En dehors de Pékin, Tianjin donne accès à Huangyaguan, connu pour son marathon annuel. Plus à l’ouest, dans le Shanxi, Piantou Pass et Yanmen Pass témoignent des vestiges de la Muraille impériale. Enfin, dans les régions désertiques du Gansu et du Ningxia, Jiayuguan, une impressionnante forteresse, et Yumenguan, un ancien passage de la Route de la Soie, rappellent l’importance stratégique de ce monument.
Pour une expérience unique, il est possible de randonner sur des sections sauvages comme Jiankou, de survoler la Muraille en hélicoptère ou encore de passer la nuit dans une auberge traditionnelle. Avec ces nombreux accès et expériences variées, la Grande Muraille offre un voyage fascinant à travers l’histoire et les paysages de la Chine.
Tourisme et activités sur la Grande Muraille de Chine
Avec des millions de visiteurs chaque année, la Grande Muraille est l’un des sites touristiques les plus emblématiques de Chine. Différentes expériences permettent aux voyageurs de découvrir ce monument sous divers angles.
Visites classiques et accès facilité
- Badaling et Mutianyu sont les sections les plus adaptées aux familles et aux visiteurs qui cherchent un accès facile avec des infrastructures modernes (téléphériques, sentiers balisés).
- Jinshanling et Simatai attirent les amateurs de randonnées grâce à leurs portions partiellement restaurées offrant des panoramas époustouflants.
Randonnées et explorations sauvages
Pour les aventuriers, certaines parties non restaurées de la Muraille, comme Jiankou et Gubeikou, permettent de ressentir l’aspect brut et authentique de cette fortification. Ces randonnées demandent une bonne condition physique, car certaines portions sont abruptes et exposées aux éléments.
Visites nocturnes
- Simatai est la seule section ouverte de nuit, offrant une vue unique sous les étoiles.
- Les tours de guet illuminées créent une atmosphère mystique, idéale pour une expérience immersive.
Hébergements et expériences culturelles
- Des auberges traditionnelles et des boutiques-hôtels situés à proximité permettent aux visiteurs de séjourner dans des cadres authentiques.
- Certains circuits proposent des activités immersives comme des démonstrations de tir à l’arc, des spectacles culturels et des repas traditionnels inspirés des anciennes garnisons chinoises.