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La retraite en Chine : comment ça fonctionne ?

En Chine, la retraite est devenue un sujet brûlant. Le pays, autrefois marqué par une population jeune, voit aujourd’hui ses rues se remplir de cheveux argentés. Cette transition est rapide, presque brutale : en 2025, un Chinois sur cinq a plus de 60 ans, et d’ici 2050, ce sera plus d’un tiers de la population.
Dans un pays où la solidarité familiale a longtemps été le pilier de la sécurité financière des personnes âgées, le système public de retraite est encore jeune, et ses mécanismes doivent affronter une pression démographique inédite. Alors, comment fonctionne-t-il vraiment ? Et surtout, pourra-t-il tenir le coup dans les décennies à venir ?

🏛️Un système de retraite fragmenté selon le milieu et le statut

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la Chine n’a pas un régime de retraite unique pour tous ses citoyens. Ce qui existe aujourd’hui est le résultat de réformes engagées dans les années 1990, avec un système qui varie selon que l’on soit salarié d’une entreprise dans les villes, fonctionnaire ou travailleur rural.

Pour les salariés urbains, la retraite fonctionne selon un modèle hybride. L’employeur verse un pourcentage important du salaire dans un fonds collectif, tandis que le salarié contribue à un compte individuel. Ces deux sources combinées déterminent le montant de la pension. Mais il faut avoir cotisé au moins quinze ans pour prétendre à un versement, ce qui exclut encore une partie de la population active, notamment ceux qui ont connu une carrière instable ou des périodes sans emploi déclaré.

Les fonctionnaires et employés d’État bénéficient traditionnellement d’un régime plus avantageux, hérité de l’époque où ces postes étaient rares et considérés comme le sommet de la stabilité sociale. Ce système tend toutefois à se rapprocher progressivement de celui des autres travailleurs, sous la pression des réformes visant à réduire les inégalités.

Dans les campagnes, la réalité est tout autre. Le régime rural, instauré plus tardivement, repose sur des cotisations faibles, souvent symboliques, largement complétées par des subventions publiques. Résultat : les pensions versées sont modestes, parfois insuffisantes pour vivre, ce qui oblige encore beaucoup de retraités ruraux à compter sur le soutien financier de leurs enfants.

📅 L’âge de départ à la retraite : un héritage d’un autre temps

Aujourd’hui, la Chine conserve un âge de départ à la retraite parmi les plus bas au monde :

  • 60 ans pour les hommes,
  • 55 ans pour les femmes cadres,
  • 50 ans pour les autres femmes salariées.

Ce barème, fixé dans les années 1950, date d’une époque où l’espérance de vie dépassait à peine 45 ans.
En 2025, elle atteint 78 ans et continue de progresser. Cela signifie que les retraités peuvent vivre 20 ans ou plus après avoir quitté le marché du travail, ce qui exerce une pression considérable sur les finances des régimes de pension.

Face à cette réalité, le gouvernement chinois prévoit un report progressif de l’âge légal de départ. La réforme sera graduelle, avec quelques mois supplémentaires par an, afin d’atteindre d’ici 2035 un âge plus élevé et plus homogène entre hommes et femmes.
Cette mesure est jugée indispensable pour équilibrer le ratio cotisants/bénéficiaires, surtout depuis que la population active diminue depuis 2015.

👪 La famille, pilier toujours essentiel

Malgré les réformes, la famille reste le principal soutien des personnes âgées. La piété filiale (xiào, 孝), profondément ancrée dans la culture, implique qu’il est normal et moralement attendu que les enfants subviennent aux besoins de leurs parents.

Cependant, ce modèle est fragilisé par la politique de l’enfant unique : beaucoup de jeunes adultes se retrouvent à soutenir deux parents et parfois quatre grands-parents, tout en élevant leur propre enfant. Cette pression pèse lourdement sur la génération actuelle.

🔮 Un système de retraite sous pression… mais en mutation

La réforme de l’âge de départ est au cœur du débat, mais elle ne suffira pas seule. La Chine développe aussi des produits d’épargne retraite privée, investit dans des services de santé pour les seniors et expérimente des villes adaptées au vieillissement.

Le défi est double : assurer une viabilité financière et offrir aux retraités une qualité de vie décente, sans reposer uniquement sur la solidarité familiale.

📖 À lire également : Comment s’occupent les retraités en Chine ?

🧭 Conclusion : trouver un nouvel équilibre

La Chine se trouve à un moment charnière. Son système de retraite, encore jeune, doit s’adapter à une population vieillissante et à des structures familiales plus petites.
Le report de l’âge de départ, la réduction des inégalités régionales et le développement de l’épargne privée seront déterminants pour garantir une bonne retraite à des centaines de millions de Chinois.

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