La dynastie Qing en Chine
La dynastie des Qing (1644-1912), dernière grande dynastie impériale de Chine, incarne une période de grandeur et de bouleversements. Fondée par les Mandchous, elle a marqué l’histoire chinoise par son apogée culturelle et territoriale, mais aussi par les défis qui ont mené à sa chute. Cette dynastie a vu l’émergence de souverains visionnaires, mais aussi les pressions d’un monde en mutation, où la modernité et les ingérences étrangères redessinaient les contours de l’Empire du Milieu.
Origines et fondation de la dynastie Qing
La dynastie des Qing, dernière dynastie chinoise trouve ses origines dans le peuple Mandchou, autrefois connu sous le nom de Jürchen, un groupe ethnique issu du nord-est de la Chine, dans la région actuelle de la Mandchourie. Ce peuple, profondément enraciné dans une culture militaire et tribale, a progressivement émergé comme une force dominante sous la direction de Nurhachi, un chef charismatique qui a unifié les tribus mandchoues au début du XVIIe siècle.
L’émergence de Nurhachi et la création des « Huit Bannières »
L’un des piliers de la montée en puissance des Qing fut la création des Huit Bannières, un système militaire et social qui structura l’armée mandchoue et servit de colonne vertébrale à leur société. Ces bannières étaient bien plus qu’un dispositif militaire ; elles régissaient également les aspects sociaux et économiques, ce qui a permi d’assurer une cohésion interne et une discipline sans faille. Sous Nurhachi, les Mandchous ont commencé à défier la dynastie Ming, profitant de sa faiblesse croissante pour s’étendre.
La conquête de la Chine : chute des Ming et ascension des Qing
Après la mort de Nurhachi, son fils Hong Taiji poursuivit son œuvre et officialisa la transition de son peuple en une nouvelle dynastie impériale : les Qing. En 1644, les troupes mandchoues, avec l’aide d’un général Ming déserteur, franchirent la Grande Muraille et prirent Pékin, capitale des Ming. Cette victoire marqua le début d’un règne de près de trois siècles sur la Chine impériale.
Grâce à une bonne stratégie militaire, des réformes politiques et une bonne gestion des relations ethniques, la dynastie Qing a rapidement consolidé son pouvoir. Cependant, cette ascension rapide allait poser les bases de nombreux défis, alors que les Qing devaient gouverner un immense empire multiculturel.

L’apogée de la dynastie Qing
L’apogée de la dynastie Qing est indissociable du règne de trois empereurs légendaires : Kangxi, Yongzheng et Qianlong. Ces souverains ont transformé l’empire en une puissance économique et culturelle sans précédent.
- L’empereur Kangxi (1661-1722) fut un stratège brillant. Sous son règne, la stabilité intérieure fut rétablie grâce à des réformes administratives et à une politique de tolérance envers les différentes ethnies et religions de l’empire. Il est également connu pour avoir consolidé les frontières de la Chine et d’avoir repoussé les invasions des Mongols. Il a également permis de signer des traités avec la Russie, notamment le traité de Nertchinsk en 1689, premier traité russo-chinois.
- L’empereur Yongzheng (1722-1735), fils de Kangxi, se consacra à la centralisation du pouvoir impérial. Ses réformes fiscales, qui visaient à réduire la corruption, on permis d’augmenter les richesses et les ressources de l’État. Elles ont eu pour conséquences de développer une gestion plus efficace du vaste territoire.
- L’empereur Qianlong (1735-1796), petit-fils de Kangxi, porta l’empire à son extension maximale avec l’intégration de régions telles que le Tibet, le Xinjiang, la Mongolie et même une partie de l’Asie centrale. Pendant son règne, la culture chinoise atteignit un sommet, avec des avancées majeures dans la littérature, l’art et l’architecture. Cependant, sur la fin de son règle, la dynastie Qing a montré des signes signes de déclin, avec une administration minée par la corruption et une surcharge fiscale qui a pesé sur le peuple chinois.
La prospérité des Qing repose en grande partie sur des réformes administratives novatrices. Les empereurs Qing mirent en place des systèmes de gouvernance centralisés et un bureaucratie mandchoue et han unifiée. Ils ont permis de mettre en place une administration cohérente par rapport à l’immensité de l’empire chinois.
La société sous la dynastie Qing
La structure sociale et les relations entre ethnies
Sous la dynastie Qing, la société chinoise était marquée par une hiérarchie sociale stricte. À la base, les Mandchous, en tant que peuple dirigeant, jouissaient de privilèges spécifiques, notamment un accès prioritaire aux postes administratifs et militaires. Les Han, majoritaires dans l’empire, étaient souvent perçus comme des sujets à gouverner, bien que beaucoup aient intégré la bureaucratie impériale grâce aux examens confucéens.
Les Qing mirent en place des politiques visant à maintenir un équilibre entre les ethnies :
- Les Huit Bannières, principalement mandchoues, servaient non seulement de force militaire mais aussi de base sociale pour préserver leur identité.
- Les Han étaient parfois soumis à des restrictions, comme l’interdiction de s’installer en Mandchourie, afin de préserver la culture mandchoue.
Les arts et la culture sous les Qing
L’époque Qing fut un véritable âge d’or pour les arts chinois. L’empereur Qianlong, en particulier, était un grand mécène, qui a commandé des projets culturels d’envergure.
- La peinture : Les styles traditionnels, tels que la peinture de paysage, furent enrichis par des influences mandchoues et occidentales. Les peintres comme Giuseppe Castiglione, un missionnaire jésuite, intégrèrent des techniques européennes à l’art chinois.
- La littérature : Les Qing virent la publication de nombreux chefs-d’œuvre, comme le célèbre roman Le Rêve dans le pavillon rouge, qui reste un des livres les plus importantes de la littérature chinoise.
- L’architecture : Des monuments emblématiques comme le Palais d’Été à Chengde ou encore l’extension de la Cité Interdite témoignent de la grandeur culturelle de cette époque.
Réformes et innovations agricoles et industrielles
Pour soutenir une population en pleine croissance, les Qing ont mis l’accent sur des innovations agricoles majeures. Des cultures telles que la patate douce et le maïs, rapportées d’Amérique, furent intégrées dans les programmes de récoltes.
L’économie industrielle connut également un développement grâce à l’essor de la soie, de la porcelaine et du thé, qui devinrent des produits phares de l’exportation chinoise. Ces biens étaient très prisés par les marchés européens. Cela a permis de renforcer la position de la Chine dans le commerce mondial mais a également provoqué des ingérences étrangères pour s’accaparer ce type de ressources.

Le déclin de la dynastie Qing
Malgré l’apogée des Qing, le XIXe siècle fut marqué par une série de rébellions internes qui affaiblirent considérablement l’empire. Parmi les plus dévastatrices figurent :
- La rébellion des Taiping (1850-1864) : Inspirée par des idéaux chrétiens et égalitaires, cette insurrection menée par Hong Xiuquan causa des millions de morts et mit en péril le contrôle des Qing sur le sud de la Chine.
- La rébellion Nian (1851-1868) : Simultanément à celle des Taiping, cette rébellion dans les régions rurales du nord souligna l’incapacité du gouvernement central à répondre aux crises locales.
- Les révoltes musulmanes dans le Xinjiang et le Yunnan, qui illustrèrent les tensions ethniques croissantes dans un empire multiculturel.
Ces rébellions, amplifiées par la corruption et l’inaction des autorités locales, contribuèrent à l’affaiblissement de la puissance impériale des Qing.
L’impact des guerres de l’opium et l’ingérence étrangère
Les guerres de l’opium (1839-1842 et 1856-1860) marquent un tournant décisif dans l’histoire des Qing. Ces conflits opposèrent la Chine à la Grande-Bretagne, puis à d’autres puissances européennes, et mirent en lumière l’infériorité militaire et technologique de l’empire face à l’Occident.
- Le traité de Nankin (1842) : Premier des nombreux traités qui a forcé la Chine à céder Hong Kong et à ouvrir plusieurs ports au commerce étranger.
- Le traité de Tientsin (1858) et d’autres accords similaires imposèrent des concessions humiliantes à la Chine, ce qui a renforcé l’influence étrangère et aggravé la crise économique en Chine.
Ces guerres affaiblirent la souveraineté de la Chine et accentuèrent les tensions internes, car de nombreuses réformes nécessaires furent entravées par des intérêts étrangers.
Les traités imposées à la Chine et leurs conséquences
Les traités internationaux imposèrent une domination économique et politique étrangère :
- Les douanes chinoises furent placées sous contrôle étranger.
- Dans des villes comme Shanghai, l’influence des Qing était quasi inexistante.
- L’ouverture forcée de la Chine au commerce international provoqua des crises économiques et sociales.
Face à ces défis, les Qing tentèrent d’instaurer des réformes, mais celles-ci furent souvent trop tardives ou mal appliquées. Les luttes pour le pouvoir à la cour impériale entre les différentes factions ralentirent les efforts pour moderniser l’armée, l’économie et les institutions.

La fin de la dynastie Qing
Incapable de répondre aux défis posés par la corruption, les rébellions massives, une économie affaiblie, le régime fut également ébranlé par les guerres de l’opium et les humiliants traités inégaux imposés par les puissances étrangères.
Les tentatives de modernisation du pays, telles la réforme des Cent Jours, menées par l’empereur Guangxu échouèrent face à la résistance des élites conservatrices, notamment sous l’influence de l’impératrice Cixi. La révolution Xinhai de 1911, déclenchée par des mutineries et soutenue par des idées républicaines, entraîna un soulèvement général.
En 1912, sous la pression des révolutionnaires, l’empereur Puyi, âgé de seulement 6 ans, abdiqua sous la pression des révolutionnaires et de Yuan Shikai, mettant fin à plus de deux millénaires de monarchie impériale et ouvrant la voie à la République de Chine.